par chibougue » 20 févr. 2018, 22:58
La première fois que j'ai rencontré le nom du musicien jazz britannique Kit Downes, c'était en lisant une critique dithyrambique de l'album "Wedding Music" en 2013. Il s'agissait d'un projet un peu spécial: la rencontre entre un orgue d'église, joué par Downes, et le saxophone ténor de son camarade Tom Challenger. L'article parlait avec beaucoup d'enthousiasme d'un disque de "jazz gothique". Ma curiosité était piquée et j'ai du aller vérifier de quoi il en était par moi-même. En effet, on avait là une oeuvre unique, belle et mystérieuse.
Ce disque a aussi eu le mérite de me faire découvrir Downes un claviériste (puisqu'il joue autant du piano que de l'orgue à tuyaux ou du Hammond) dont le curriculum vitae est particulièrement éclectique. Outre ses projets à l'orgue d'église, le type joue autant du jazz expérimental que du jazz plus orthodoxe. Il flirte aussi avec le jazz-rock au sein du groupe Troyka qui a fait tourner quelques têtes au Royaume-Uni dont celle de John Fordham, fameux critique jazz du Guardian.
Son propre groupe, le Kit Downes trio, quant à lui, a même été nominé pour le fameux Mercury Prize. On peut donc vraiment parler d'une étoile montante dans son cas. Entre deux projets jazz, quand il sent le besoin de se ressourcer, il retourne à l'orgue d'église, un instrument dont il est tombé amoureux dans sa jeunesse alors qu'il était enfant de choeur. Il eut ensuite un coup de foudre pour le jazz en entendant un album d'Oscar Peterson. C'est en travaillant avec son ami Tom Challenger qu'il a renoué avec l'orgue d'église. Ensemble, ils ont enregistré deux disques: "Wedding Music" et "Vyamanikal".
"Obsidian" est le troisième projet sur lequel les deux lascars collaborent puisqu'on peut entendre Challenger sur "Modern Gods", une des pièces au programme. L'album a été enregistré dans trois églises différentes à Londres et à la campagne anglaise avec des orgues datant de différentes époques. Dans leur ensemble, les pièces que l'on y retrouve s'éloignent du jazz pour côtoyer davantage les univers de la musique contemporaine, du drone et du minimalisme. Une comparaison qui vient instantanément à l'esprit est la musique d'Olivier Messiaen. Normal: comme Downes, il a renouvelé l'utilisation de l'orgue à tuyaux en ayant recours à l'improvisation.
Un disque qui ne met en vedette qu'un seul et unique instrument de musique court le risque de devenir monolithique. Ce n'est pas le cas avec "Obsidian". Les titres sur lesquels l'orgue s'emballe le plus comme "Flying Foxes", "Seeing Things" et "Modern Gods" (excellent duo avec Challenger) ne sont jamais loin du free jazz. "The Gift" et "Black is the Colour" (une reprise d'un chant traditionnel) sont plus mélodiques, presque folk. Les morceaux que je préfère sont toutefois les plus lents et minimalistes tels "Rings of Saturn", "The Bone Gambler" et le sublime "Last Leviathan". C'est fou ce que, dans ces pièces plus près du drone, on peut déceler comme nuances sonores, comme petits éclats de lumière noire.
"Obsidian" est un disque subtil qui a le potentiel de plaire autant aux amateurs de jazz de chambre (on est chez ECM après tout) qu'aux fans de musique contemporaine, d'électro ambient ou de drone. En l'écoutant, j'avais parfois l'impression d'entendre du Tim Hecker. Il s'agit d'une oeuvre qu'il fait bon écouter la nuit, toutes lumières éteintes, en sirotant un verre d'alcool fort de son choix.
[img]http://www.jazzviews.net/uploads/1/5/1/1/15113040/published/279238841.jpg?1516794805[/img]
La première fois que j'ai rencontré le nom du musicien jazz britannique Kit Downes, c'était en lisant une critique dithyrambique de l'album "Wedding Music" en 2013. Il s'agissait d'un projet un peu spécial: la rencontre entre un orgue d'église, joué par Downes, et le saxophone ténor de son camarade Tom Challenger. L'article parlait avec beaucoup d'enthousiasme d'un disque de "jazz gothique". Ma curiosité était piquée et j'ai du aller vérifier de quoi il en était par moi-même. En effet, on avait là une oeuvre unique, belle et mystérieuse.
https://www.youtube.com/watch?v=nCr5CsxSdHg&t=143s
Ce disque a aussi eu le mérite de me faire découvrir Downes un claviériste (puisqu'il joue autant du piano que de l'orgue à tuyaux ou du Hammond) dont le curriculum vitae est particulièrement éclectique. Outre ses projets à l'orgue d'église, le type joue autant du jazz expérimental que du jazz plus orthodoxe. Il flirte aussi avec le jazz-rock au sein du groupe Troyka qui a fait tourner quelques têtes au Royaume-Uni dont celle de John Fordham, fameux critique jazz du Guardian.
https://www.youtube.com/watch?v=TVz-KYf5FEY
Son propre groupe, le Kit Downes trio, quant à lui, a même été nominé pour le fameux Mercury Prize. On peut donc vraiment parler d'une étoile montante dans son cas. Entre deux projets jazz, quand il sent le besoin de se ressourcer, il retourne à l'orgue d'église, un instrument dont il est tombé amoureux dans sa jeunesse alors qu'il était enfant de choeur. Il eut ensuite un coup de foudre pour le jazz en entendant un album d'Oscar Peterson. C'est en travaillant avec son ami Tom Challenger qu'il a renoué avec l'orgue d'église. Ensemble, ils ont enregistré deux disques: "Wedding Music" et "Vyamanikal".
"Obsidian" est le troisième projet sur lequel les deux lascars collaborent puisqu'on peut entendre Challenger sur "Modern Gods", une des pièces au programme. L'album a été enregistré dans trois églises différentes à Londres et à la campagne anglaise avec des orgues datant de différentes époques. Dans leur ensemble, les pièces que l'on y retrouve s'éloignent du jazz pour côtoyer davantage les univers de la musique contemporaine, du drone et du minimalisme. Une comparaison qui vient instantanément à l'esprit est la musique d'Olivier Messiaen. Normal: comme Downes, il a renouvelé l'utilisation de l'orgue à tuyaux en ayant recours à l'improvisation.
https://www.youtube.com/watch?v=rntBet44UVk
Un disque qui ne met en vedette qu'un seul et unique instrument de musique court le risque de devenir monolithique. Ce n'est pas le cas avec "Obsidian". Les titres sur lesquels l'orgue s'emballe le plus comme "Flying Foxes", "Seeing Things" et "Modern Gods" (excellent duo avec Challenger) ne sont jamais loin du free jazz. "The Gift" et "Black is the Colour" (une reprise d'un chant traditionnel) sont plus mélodiques, presque folk. Les morceaux que je préfère sont toutefois les plus lents et minimalistes tels "Rings of Saturn", "The Bone Gambler" et le sublime "Last Leviathan". C'est fou ce que, dans ces pièces plus près du drone, on peut déceler comme nuances sonores, comme petits éclats de lumière noire.
"Obsidian" est un disque subtil qui a le potentiel de plaire autant aux amateurs de jazz de chambre (on est chez ECM après tout) qu'aux fans de musique contemporaine, d'électro ambient ou de drone. En l'écoutant, j'avais parfois l'impression d'entendre du Tim Hecker. Il s'agit d'une oeuvre qu'il fait bon écouter la nuit, toutes lumières éteintes, en sirotant un verre d'alcool fort de son choix.
https://www.youtube.com/watch?v=J93ZbHxXCSE&t=126s