par chibougue » 13 mars 2018, 22:19
J'ai toujours eu un faible pour les artistes que l'on reconnait dès les premières mesures que l'on entend de leur musique, ceux qui ont une identité bien à eux, que l'on ne peut confondre avec personne d'autre. Le Torontois Eric Chenaux est de cette race de créateur. La dichotomie entre son jeu de guitare très expérimental et la douceur de son chant rempli de mélancolie nous met en présence d'un musicien hautement singulier, un oiseau rare qui se tient sur le fil qui sépare avant-garde et musique plus accessible.
Chenaux est un virtuose. Autant avec ses six cordes qu'avec son kit de pédales d'effets. Il tire les sonorités les plus inouïes de son instrument. Par moments, on se dit qu'une oreille non avertie n'aurait aucune idée que c'est bien de la guitare qu'elle entend. Il sait aussi manier les cordes de sa guitare avec autant de dextérité que d'inventivité afin d'en extraire des musiques incongrues. En cela, il nous rappelle beaucoup un de ses modèles: le guitariste britannique Derek Bailey qui fut une sommité dans le domaine de la free improv à l'européenne.
Autant Eric Chenaux, le guitariste, semble puiser son inspiration dans le jazz d'avant-garde, autant son alter-ego chanteur s'inscrit dans une tradition jazzistique plus traditionnelle. La comparaison qui revient le plus souvent quand vient le temps de décrire son chant est Chet Baker. C'est vrai que la voix aiguë et le phrasé caressant de Chenaux évoquent le célèbre crooner cocaïnomane. La juxtaposition de ce chant de velours au jeu expérimental (mais jamais brusque ou agressant) de la guitare contribue à créer un univers sonore aussi déroutant que réconfortant.
Une autre chose qui rend la musique de Chenaux inclassable, c'est le mélange d'époques qu'elle évoque. La trompette que la guitare imite sur "Bird & Moon" et sur "Wild Moon" rappelle le jazz de la belle époque à la Nouvelle-Orléans. Sur la chanson titre, une guitare aux accents blues flotte sur un fond pouvant faire penser à de l'électronica fantomatique. La superbe "An Abandoned Rose", transporte le blues à l'époque médiévale. L'introduction de "There's our Love" flirte avec le psychédélique tandis que la finale de "Wild Moon" convoque le spectre de Jimi Hendrix. L'instrumentale "Slowly Paradise (Lush), quand à elle, semble provenir du passé et du futur à la fois. Le paradis d'Eric Chenaux se situe hors du temps.
"Slowly Paradise" est une bien belle offrande que nous fait le toujours pertinent label montréalais Constellation. Il s'agit, à mon avis, de l'oeuvre la plus aboutie d'Eric Chenaux à ce jour. "Skullsplitter", son album précédent, m'avait fait plané, mais ce nouveau disque me fait carrément traverser la stratosphère. Et je découvre lentement, de nouveaux paradis.
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J'ai toujours eu un faible pour les artistes que l'on reconnait dès les premières mesures que l'on entend de leur musique, ceux qui ont une identité bien à eux, que l'on ne peut confondre avec personne d'autre. Le Torontois Eric Chenaux est de cette race de créateur. La dichotomie entre son jeu de guitare très expérimental et la douceur de son chant rempli de mélancolie nous met en présence d'un musicien hautement singulier, un oiseau rare qui se tient sur le fil qui sépare avant-garde et musique plus accessible.
Chenaux est un virtuose. Autant avec ses six cordes qu'avec son kit de pédales d'effets. Il tire les sonorités les plus inouïes de son instrument. Par moments, on se dit qu'une oreille non avertie n'aurait aucune idée que c'est bien de la guitare qu'elle entend. Il sait aussi manier les cordes de sa guitare avec autant de dextérité que d'inventivité afin d'en extraire des musiques incongrues. En cela, il nous rappelle beaucoup un de ses modèles: le guitariste britannique Derek Bailey qui fut une sommité dans le domaine de la free improv à l'européenne.
Autant Eric Chenaux, le guitariste, semble puiser son inspiration dans le jazz d'avant-garde, autant son alter-ego chanteur s'inscrit dans une tradition jazzistique plus traditionnelle. La comparaison qui revient le plus souvent quand vient le temps de décrire son chant est Chet Baker. C'est vrai que la voix aiguë et le phrasé caressant de Chenaux évoquent le célèbre crooner cocaïnomane. La juxtaposition de ce chant de velours au jeu expérimental (mais jamais brusque ou agressant) de la guitare contribue à créer un univers sonore aussi déroutant que réconfortant.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=3-DarILgLsI
Une autre chose qui rend la musique de Chenaux inclassable, c'est le mélange d'époques qu'elle évoque. La trompette que la guitare imite sur "Bird & Moon" et sur "Wild Moon" rappelle le jazz de la belle époque à la Nouvelle-Orléans. Sur la chanson titre, une guitare aux accents blues flotte sur un fond pouvant faire penser à de l'électronica fantomatique. La superbe "An Abandoned Rose", transporte le blues à l'époque médiévale. L'introduction de "There's our Love" flirte avec le psychédélique tandis que la finale de "Wild Moon" convoque le spectre de Jimi Hendrix. L'instrumentale "Slowly Paradise (Lush), quand à elle, semble provenir du passé et du futur à la fois. Le paradis d'Eric Chenaux se situe hors du temps.
"Slowly Paradise" est une bien belle offrande que nous fait le toujours pertinent label montréalais Constellation. Il s'agit, à mon avis, de l'oeuvre la plus aboutie d'Eric Chenaux à ce jour. "Skullsplitter", son album précédent, m'avait fait plané, mais ce nouveau disque me fait carrément traverser la stratosphère. Et je découvre lentement, de nouveaux paradis.
https://soundcloud.com/constellation-records/sets/eric-chenaux-slowly-paradise-album