par jon8 » 12 avr. 2020, 12:55
Voici ma lettre:
M. Dumas et toute l'équipe derrière le projet Le panier bleu,
Derrière l'élan bourré de noblesse, sous le vernis de la solidarité, mon premier réflexe a été d'y voir une invitation au repli social-économique. Purement et simplement. Quelque chose comme le Buy American Act et autres initiatives similaires à la sauce Donald Trump, mais en version bleu poudre. Est-ce vraiment le temps de partir en guerre contre les Amazon de ce monde? C'est le bon timing pour verser dans le protectionnisme improvisé sur un coin de table?
Comprenez-moi bien: l'initiative, si présentée comme temporaire, ça va. Au minimum, comme société distincte nageant dans une crise historique, on a besoin actuellement dans nos vies de n'importe quoi de positif, un genre de #cavabienaller économique, même si vaguement chauvin, j'approuve.
Mais si c'est pour s'incruster dans le temps, dans nos habitudes et dans une stratégie de fond du gouvernement, alors c'est que nous signons un chèque en blanc au protectionnisme. Pis ça, ça ne va pas du tout. Des hordes d'économistes dans l'histoire ont fait la démonstration que le protectionnisme n'est pas efficace. Surtout pas dans le contexte actuel et dans l'inévitable récession, ou dépression mondiale qui se dessine.
Disons que le charmant concept ''panier bleu'' fait du chemin et vire de toutes les couleurs? Disons chez nos voisins de l'Ontario? Dans toutes les provinces? Déjà que nous devons gérer les sautes d'humeur du président chez nos voisins du sud, est-ce vraiment le temps de mettre un frein aux échanges chez nos voisins à l'est et à l'ouest, partout sur la planète même chez nos voisins les plus proches? Si tout le monde tire la couverte de son bord, pensez-vous qu'elle va déchirer un peu plus à l'est, à l'ouest, au sud ou au nord?
Aussi, songez-vous aux (nombreuses) compagnies d'ici, petites et grandes, qui dépendent de l'exportation? On vante depuis des années les bienfaits d'exporter le ''Made in Québec'', puis du jour au lendemain, on glorifie mur à mur l'achat local? Le modèle d'affaire de plusieurs compagnies d'ici est basé sur le commerce international, et au minimum interprovincial. Le risque dans tout ça c'est de cautionner et participer à un mouvement mondial de repli social-économique.
Ne nous berçons pas d'illusions, l'heure est à la lucidité: la province de Québec n'est pas auto-suffisante, et dans l'absolu aucun état dans le monde ne l'est actuellement. La ''guerre des masques'' en est la démonstration la plus flagrante. Si ce n'est pas des masques ou des respirateurs, ce sera un jour autre chose...
Cette crise a cela de très particulier: elle est planétaire. Tout le monde est dans le proverbial même bateau, c'est une grosse tempête qui brasse énormément et ce n'est pas le temps de chercher à savoir qui rame le mieux, c'est le temps d'éviter de tous se faire emporter par les vagues...
La mondialisation que certains veulent diaboliser est, de toute manière, déjà bien enracinée et, à mon humble avis, irréversible à l'ère d'internet. Taxez-moi d'optimiste, mais cette interdépendance, que je préfère voir comme une collaboration globale, est une créature fragile qui est en train de se faire tester, mais qui peut et va durer dans le temps, pour des générations à venir.
Sauver la province de Québec, d'accord, mais présentement l'urgence est à sauver la planète. La crise sanitaire mondiale et ensuite la crise économique mondiale qui va suivre.
Pour le moment, ce n'est pas le panier bleu qui m'importe le plus, c'est la planète bleue.
Voici ma lettre:
[quote]M. Dumas et toute l'équipe derrière le projet Le panier bleu,
Derrière l'élan bourré de noblesse, sous le vernis de la solidarité, mon premier réflexe a été d'y voir une invitation au repli social-économique. Purement et simplement. Quelque chose comme le Buy American Act et autres initiatives similaires à la sauce Donald Trump, mais en version bleu poudre. Est-ce vraiment le temps de partir en guerre contre les Amazon de ce monde? C'est le bon timing pour verser dans le protectionnisme improvisé sur un coin de table?
Comprenez-moi bien: l'initiative, si présentée comme temporaire, ça va. Au minimum, comme société distincte nageant dans une crise historique, on a besoin actuellement dans nos vies de n'importe quoi de positif, un genre de #cavabienaller économique, même si vaguement chauvin, j'approuve.
Mais si c'est pour s'incruster dans le temps, dans nos habitudes et dans une stratégie de fond du gouvernement, alors c'est que nous signons un chèque en blanc au protectionnisme. Pis ça, ça ne va pas du tout. Des hordes d'économistes dans l'histoire ont fait la démonstration que le protectionnisme n'est pas efficace. Surtout pas dans le contexte actuel et dans l'inévitable récession, ou dépression mondiale qui se dessine.
Disons que le charmant concept ''panier bleu'' fait du chemin et vire de toutes les couleurs? Disons chez nos voisins de l'Ontario? Dans toutes les provinces? Déjà que nous devons gérer les sautes d'humeur du président chez nos voisins du sud, est-ce vraiment le temps de mettre un frein aux échanges chez nos voisins à l'est et à l'ouest, partout sur la planète même chez nos voisins les plus proches? Si tout le monde tire la couverte de son bord, pensez-vous qu'elle va déchirer un peu plus à l'est, à l'ouest, au sud ou au nord?
Aussi, songez-vous aux (nombreuses) compagnies d'ici, petites et grandes, qui dépendent de l'exportation? On vante depuis des années les bienfaits d'exporter le ''Made in Québec'', puis du jour au lendemain, on glorifie mur à mur l'achat local? Le modèle d'affaire de plusieurs compagnies d'ici est basé sur le commerce international, et au minimum interprovincial. Le risque dans tout ça c'est de cautionner et participer à un mouvement mondial de repli social-économique.
Ne nous berçons pas d'illusions, l'heure est à la lucidité: la province de Québec n'est pas auto-suffisante, et dans l'absolu aucun état dans le monde ne l'est actuellement. La ''guerre des masques'' en est la démonstration la plus flagrante. Si ce n'est pas des masques ou des respirateurs, ce sera un jour autre chose...
Cette crise a cela de très particulier: elle est planétaire. Tout le monde est dans le proverbial même bateau, c'est une grosse tempête qui brasse énormément et ce n'est pas le temps de chercher à savoir qui rame le mieux, c'est le temps d'éviter de tous se faire emporter par les vagues...
La mondialisation que certains veulent diaboliser est, de toute manière, déjà bien enracinée et, à mon humble avis, irréversible à l'ère d'internet. Taxez-moi d'optimiste, mais cette interdépendance, que je préfère voir comme une collaboration globale, est une créature fragile qui est en train de se faire tester, mais qui peut et va durer dans le temps, pour des générations à venir.
Sauver la province de Québec, d'accord, mais présentement l'urgence est à sauver la planète. La crise sanitaire mondiale et ensuite la crise économique mondiale qui va suivre.
Pour le moment, ce n'est pas le panier bleu qui m'importe le plus, c'est la planète bleue.
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