par jon8 » 09 avr. 2020, 12:25
J'aime penser. J'aime écrire. J'aime imaginer.
Cette crise historique me stimule énormément. Ça bouillonne dans ma tête.
Je débute donc, ici dans cette section du forum, une série de petits textes, que je souhaite concis et percutants mais surtout très spontanés. Je me laisse guider par l'élan du premier jet. Voyez ça, peut-être, comme un journal de bord que je vais tenir pendant cette traversée en pleine tempête, sur un navire que je nomme Aftermath.
af·ter·math
/ˈaftərˌmaTH/
noun
1.
the consequences or aftereffects of a significant unpleasant event.
--------------------------
AFTERMATH : Texte #1 ''Remercier le virus''
L'espoir est là, l'optimisme galope sur les bourses mondiales après quelques semaines de panique. Une immense crise historique ? Mais non, tout semble sous un relatif contrôle, malgré le contexte d'incertitude. Il y a tout de même un certain décalage entre cette accalmie des marchés boursiers et l'économie mondiale avec ses centaines de millions de travailleurs, qui s'apprêtent à plonger dans l'inconnu total. Tout va très bien, Madame la Marquise.
Où tracer la ligne entre espoir et illusion ?
Cette espèce d'incohérence entre les marchés et la situation réelle s'explique en grande partie à cause de la gourmandise -ou plus précisément ''greed'' comme disent les anglais- des spéculateurs qui sévissent actuellement, comme des hyènes autour d'une carcasse d'éléphant. Mais d'autres choses expliquent cette aberration... Il y a comme un espoir à la #cavabienaller, comme quoi les gouvernements sauveront tout. Que tout ça n'est qu'un cauchemar, une nuit difficile dans l'histoire de l'humanité, que nous allons bientôt nous réveiller en plein été avec le soleil, la chaleur, les accolades, les bisous... et bien sûr les arcs-en-ciel. Il y a aussi l'espoir d'un retour rapide, et donc d'un rebond rapide dans l'économie réelle et sur les marchés mondiaux. Ce qu'ils appellent dans le jargon un scénario en ''V'', c'est à dire une chute rapide avec un rebond aussi rapide, au même niveau qu'avant, et même en route pour de nouveaux sommets...
Non, je n'y crois pas.
Je ne crois en rien de tout cela. Je ne crois surtout pas que l'espoir aveugle doit remplacer la lucidité que la situation exige. Taxez-moi de pessimiste, de rabat-joie ou même de prophète de malheur si vous le voulez... Mais rien de tout cela ne va arriver. Les gouvernements ne sauveront pas tout, ils vont même possiblement se taper quelque part dans la décennie qui s'amorce une crise des finances publiques d'une ampleur jamais vu, et ce, dans un contexte de protectionnisme aussi toxique que contre-productif.
On arrête pas brutalement la quasi-totalité des industries et commerces sans en subir les conséquences. Quelqu'un devra un jour payer la facture et ce quelqu'un, c'est nous, avec nos futures taxes et impôts. Froidement mathématique, un peu cruel même, donc n'en parlons pas trop pour le moment, voulez-vous?
Nous n'allons pas avoir de retour à la normale cet été, l'été est jeté, fini, kaput. Du moins, dans le sens festif que nous connaissons. L'âme de Montréal c'est son ébullition estivale, l'intense déferlement printannier, l'irremplaçable mélange de touristes et de locaux en communion pour danser, rire, chanter, boire et manger.
On vient de garocher une chaudière d'eau glacé sur cet été là. Les vacances estivales se passeront assurément un peu plus à la maison, en région, au chalet, loin de tout, en plein air ou enfermé dans un nid protecteur quelque part loin des foules. Distanciation sociale oblige, mais aussi, et surtout, par notre état d'esprit et ces petites habitudes qui grimpent tranquillement dans notre routine quotidienne.
Puis, rapidement-vous-allez-voir, l'automne se pointera le bout du nez avec ses discrètes pluies froides. Juste assez pour nous rappeler la chaudière d'eau glacée et l'été qui nous glisse sous les pieds. L'hiver arrivera peu après. Noël, personne n'y songe à Noël. Elle fini toujours par arriver celle là, distanciation sociale ou pas. Et même sans distanciation, elle ne sera pas pareille cette année. Peut-être même pendant plusieurs années, qu'elle ne sera pas pareille, cette fête sociale de toutes les fêtes sociales. On ne peut que spéculer, personne ne sait ce qu'il va arriver dans un mois alors imaginez Noël... Mais elle ne goûtera pas de cette même insouciance surconsommatrice. Non, pas cette année.
La semaine suivante arrivera la nouvelle année et, sans aucun doute, le souhait que 2021 soit mieux que 2020. Mais l'an prochain ne sera pas, non plus, normal. Plusieurs choses vont changer, et ce, sur la planète entière et peut-être à des niveaux que nous ne pouvons même pas encore imaginer. Il y a d'ailleurs quelques mois, nous n'imaginions rien de toute cette crise. Tout est brouillé en ce moment, notre lunette d'observation fixe le mois de mai, c'est tout ce que nous pouvons faire, alors vous pensez bien Noël et l'an prochain... Mais ça arrivera, rapidement-vous-allez-voir. Aussitôt que possible, il faudra songer à l'aftermath, cet après. La suite du pendant, qui nous accâble tous. Il faudra planifier cet après si on ne veut pas le subir.
Ce qui marque en particulier cette crise c'est le profond degré d'incertitude, le spectre d'une désorganisation sociale-économique jamais vue dans l'histoire, mais aussi l'espoir de changements. De véritables changements, ceux qui agissent en profondeur pour guérir au lieu de masquer la douleur. Peut-être même suffisament de ces changements pour que le cynisme ambiant disparaisse. Ce cynisme qui a sévit pendant trop d'années, jusqu'à nous éloigner de l'essentiel. Ce qui fait de la vie, la vie.
Le véritable message d'espoir n'est pas celui d'un retour à la normale mais celui de lancer l'humanité dans une nouvelle trajectoire, que nous souhaiterons tous meilleure, propulsée par un très rare élan mondial de solidarité. Nos enfants vont-ils un jour aller jusqu'à remercier ce virus et les changements qu'il a provoqué?
Espérons-le.
J'aime penser. J'aime écrire. J'aime imaginer.
Cette crise historique me stimule énormément. Ça bouillonne dans ma tête.
Je débute donc, ici dans cette section du forum, une série de petits textes, que je souhaite concis et percutants mais surtout très spontanés. Je me laisse guider par l'élan du premier jet. Voyez ça, peut-être, comme un journal de bord que je vais tenir pendant cette traversée en pleine tempête, sur un navire que je nomme Aftermath.
[b]af·ter·math[/b]
[i]/ˈaftərˌmaTH/
noun
1.
the consequences or aftereffects of a significant unpleasant event.[/i]
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[b]AFTERMATH : Texte #1 ''Remercier le virus''[/b]
L'espoir est là, l'optimisme galope sur les bourses mondiales après quelques semaines de panique. Une immense crise historique ? Mais non, tout semble sous un relatif contrôle, malgré le contexte d'incertitude. Il y a tout de même un certain décalage entre cette accalmie des marchés boursiers et l'économie mondiale avec ses centaines de millions de travailleurs, qui s'apprêtent à plonger dans l'inconnu total. Tout va très bien, Madame la Marquise.
Où tracer la ligne entre espoir et illusion ?
Cette espèce d'incohérence entre les marchés et la situation réelle s'explique en grande partie à cause de la gourmandise -ou plus précisément ''greed'' comme disent les anglais- des spéculateurs qui sévissent actuellement, comme des hyènes autour d'une carcasse d'éléphant. Mais d'autres choses expliquent cette aberration... Il y a comme un espoir à la #cavabienaller, comme quoi les gouvernements sauveront tout. Que tout ça n'est qu'un cauchemar, une nuit difficile dans l'histoire de l'humanité, que nous allons bientôt nous réveiller en plein été avec le soleil, la chaleur, les accolades, les bisous... et bien sûr les arcs-en-ciel. Il y a aussi l'espoir d'un retour rapide, et donc d'un rebond rapide dans l'économie réelle et sur les marchés mondiaux. Ce qu'ils appellent dans le jargon un scénario en ''V'', c'est à dire une chute rapide avec un rebond aussi rapide, au même niveau qu'avant, et même en route pour de nouveaux sommets...
Non, je n'y crois pas.
Je ne crois en rien de tout cela. Je ne crois surtout pas que l'espoir aveugle doit remplacer la lucidité que la situation exige. Taxez-moi de pessimiste, de rabat-joie ou même de prophète de malheur si vous le voulez... Mais rien de tout cela ne va arriver. Les gouvernements ne sauveront pas tout, ils vont même possiblement se taper quelque part dans la décennie qui s'amorce une crise des finances publiques d'une ampleur jamais vu, et ce, dans un contexte de protectionnisme aussi toxique que contre-productif.
On arrête pas brutalement la quasi-totalité des industries et commerces sans en subir les conséquences. Quelqu'un devra un jour payer la facture et ce quelqu'un, c'est nous, avec nos futures taxes et impôts. Froidement mathématique, un peu cruel même, donc n'en parlons pas trop pour le moment, voulez-vous?
Nous n'allons pas avoir de retour à la normale cet été, l'été est jeté, fini, kaput. Du moins, dans le sens festif que nous connaissons. L'âme de Montréal c'est son ébullition estivale, l'intense déferlement printannier, l'irremplaçable mélange de touristes et de locaux en communion pour danser, rire, chanter, boire et manger.
On vient de garocher une chaudière d'eau glacé sur cet été là. Les vacances estivales se passeront assurément un peu plus à la maison, en région, au chalet, loin de tout, en plein air ou enfermé dans un nid protecteur quelque part loin des foules. Distanciation sociale oblige, mais aussi, et surtout, par notre état d'esprit et ces petites habitudes qui grimpent tranquillement dans notre routine quotidienne.
Puis, rapidement-vous-allez-voir, l'automne se pointera le bout du nez avec ses discrètes pluies froides. Juste assez pour nous rappeler la chaudière d'eau glacée et l'été qui nous glisse sous les pieds. L'hiver arrivera peu après. Noël, personne n'y songe à Noël. Elle fini toujours par arriver celle là, distanciation sociale ou pas. Et même sans distanciation, elle ne sera pas pareille cette année. Peut-être même pendant plusieurs années, qu'elle ne sera pas pareille, cette fête sociale de toutes les fêtes sociales. On ne peut que spéculer, personne ne sait ce qu'il va arriver dans un mois alors imaginez Noël... Mais elle ne goûtera pas de cette même insouciance surconsommatrice. Non, pas cette année.
La semaine suivante arrivera la nouvelle année et, sans aucun doute, le souhait que 2021 soit mieux que 2020. Mais l'an prochain ne sera pas, non plus, normal. Plusieurs choses vont changer, et ce, sur la planète entière et peut-être à des niveaux que nous ne pouvons même pas encore imaginer. Il y a d'ailleurs quelques mois, nous n'imaginions rien de toute cette crise. Tout est brouillé en ce moment, notre lunette d'observation fixe le mois de mai, c'est tout ce que nous pouvons faire, alors vous pensez bien Noël et l'an prochain... Mais ça arrivera, rapidement-vous-allez-voir. Aussitôt que possible, il faudra songer à [i]l'aftermath[/i], cet après. La suite du pendant, qui nous accâble tous. Il faudra planifier cet après si on ne veut pas le subir.
Ce qui marque en particulier cette crise c'est le profond degré d'incertitude, le spectre d'une désorganisation sociale-économique jamais vue dans l'histoire, mais aussi l'espoir de changements. De véritables changements, ceux qui agissent en profondeur pour guérir au lieu de masquer la douleur. Peut-être même suffisament de ces changements pour que le cynisme ambiant disparaisse. Ce cynisme qui a sévit pendant trop d'années, jusqu'à nous éloigner de l'essentiel. Ce qui fait de la vie, la vie.
Le véritable message d'espoir n'est pas celui d'un retour à la normale mais celui de lancer l'humanité dans une nouvelle trajectoire, que nous souhaiterons tous meilleure, propulsée par un très rare élan mondial de solidarité. Nos enfants vont-ils un jour aller jusqu'à remercier ce virus et les changements qu'il a provoqué?
Espérons-le.