RIP Gord Downie

par chibougue

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chibougue
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Inscription : 24 mai 2017, 11:45

18 oct. 2017, 20:14

Un poète. Un militant. Un chanteur habité. Un être humain plus grand que nature.

Je joins le texte du Maclean's:

http://www.macleans.ca/gord-downie-obituary/

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Luc
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Inscription : 10 juil. 2017, 09:55

19 oct. 2017, 09:33

Je copie-colle un texte que j'ai publié sur FB :

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Gordon Downie

« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. » Feue mon amie Réjane avait un jour glissé cette citation dans une lettre. Ça vient des « Fleurs du mal » et ça veut dire ce que ça veut dire. Je n’étais qu’une mini-tronche du rock lorsque j’ai connu G. Downie à Kingston, à l’été 1984. Summer School of English sur le campus de Queen’s. G. Downie y était « Assistant to the Language Assistant». Six semaines dans un décor Gothique du Nord. L’été suivant, j’y étais encore, à la Summer School of English, et j’avais pu déjouer la perspicacité du portier (guère plus vieux que moi et sûrement complètement givré) pour assister à un concert des Tragically Hip au Alfie’s Pub, véritable trou à l’université Queen’s. En juillet 1985, ils faisaient encore des reprises des Monkees, Yardbirds et autres Buddy Holly. Ensuite de ça, en 1988, je passais l’été à Londres. Lors d’une séance de feuilletage de journaux à la Maison du Canada, je tombai sur une mini-mention dans la Gazette : The Tragically Hip aux Foufounes électriques. Ah bien, le groupe existait encore. Ça ne m’étonnait pas pantoute. Je n’ai jamais lu quoi que ce soit d’aussi intéressant dans The Gazette par la suite, toutefois. En 1989, fin de l’été à Toronto, lancement de « Up to Here ». Retour à Montréal en octobre, je lis La Paresse dans mon 3 ½ de l’avenue Chambord, « Grande ouverture du HMV Mégastore Peel-Sainte-Catherine – En prestation : Céline Dion et The Tragically Hip ». Je pars en courant, j’arrive au début de la troisième chanson. Puis concerts inoubliables à l’ancien Club Soda, dont un le 31 décembre 1989, à la cafétéria de Concordia – Campus Loyola, au Spectrum (avec Alain « Big Al » Gauvin et Josée ma cousine), au Colisée de Moncton... Au CEPSUM à l’automne 1992, j’avais encore une fois réussi à me faufiler en coulisse après le concert, avec une amie qui s’appelle Beauchamp, Lucie. Je revenais de Moncton et n’étais pas encore revenu d’une peine d’amûr. Gordon Downie m’avait fait une accolade, je lui disais que j’allais bien, il ne semblait pas convaincu. Ç’a été la dernière fois en coulisse, parce que le concert suivant avait eu lieu au Forum, ça se corsait en matière d’accès et de sécurité. Puis j’ai revu quelques fois les Hip, à Wilfrid-Pelletier et au Nécropolis notamment. Et Gordon D. solo une couple de fois, dont une au théâtre National en octobre 2010, tournée « The Grand Bounce ». J’étais avec Nathalie. C’était fabuleux, il était en mode bric-à-brac avec des musiciens dévoués, dont Julie Doiron de Moncton. Les quelques fois où j’ai eu l’occasion de lui parler, à Kingston et par la suite en coulisse, cet homme me faisait l’effet d’un vieux sage, humble et affable. J’aurais beau essayer comme un hostie de malade, je ne parviendrais jamais à faire s’estomper la trace de sa mansuétude et de sa douance phénoménales sur mon âme de tronche de musique. J’aime à croire que dans une version édénique du nord de l’Ontario, en cette époque qui ne se prête guère à la métempsychose, à la transmigration des âmes, à la réincarnation et à la résurrection, un gentil psychopompe guide les très grands chansonneurs canadiens-anglais vers sept chaises Adirondak disposées en une rangée, sur un promontoire dominant une rivière aux âmes. Cinq chaises sont inoccupées : « R. Roberston », « B. Cockburn », « J. Mitchell », « N. Young » et « G. Lightfoot », peut-on lire au dos de leur dossier. Reste deux chaises, dont les occupants parlent doucement; l’un (« L. Cohen ») semble d’abord consoler et rassurer l’autre (« G. Downie »), puis leurs voix se superposent et s’entremêlent dans un air paisible. Mais, mais, Gordon Downie est mort. Oui sa musique vit, oui ses mots restent. Mais Gordon Downie est mort. Il avait quatre enfants. « Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. »

P.-S. – La photo du lac Ontario n’est pas fortuite, bien sûr. GD a passé sa vie près de ce lac, qu’il tentait de protéger à titre de membre du C.A. de l’organisme Lake Ontario Waterkeeper. L’eau, notamment celle des lacs, était l’un de ses thèmes de prédilection. Deux de mes tounes de lac préférées de GD : « Broadcast » (sur « The Grand Bounce ») et « Yer Not the Ocean » (sur « World Container »).
Dernière édition par Luc le 20 oct. 2017, 11:46, édité 2 fois.

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chibougue
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Inscription : 24 mai 2017, 11:45

19 oct. 2017, 11:56

Un gros merci pour ton témoignage, Luc.