Le problème avec un type comme moi, un gars qui tombe facilement en amour avec un bon disque et qui multiplie les superlatifs quand vient le temps de le décrire, c'est qu'il ne lui reste plus de mots quand vient le temps de témoigner d'une rencontre avec un album tellement grand, tellement riche qu'il sent qu'il ne pourra jamais, même après de nombreuses écoutes, venir à bout de tous les trésors qu'il recèle.
C'est ainsi que je me sens devant le nouvel album de Nick Cave and the Bad Seeds.
Je suis sur le cul!
Les deux derniers albums de ces lascars avaient vus leur musique se dépouiller de toute chair, aller à l'essentiel. Eh bien maintenant, l'os se dématérialise, on danse parmi les atomes. Les fans de longue date vont sans doute se demander où elles sont passées, ces Mauvaises Graines. Où la batterie, la basse, la guitare, le violon? On se retrouve avec un disque atmosphérique où les synthés ont pris toute la place. Une rencontre entre Angelo Badalamenti et Brian Eno. Nick Cave habite maintenant sur une autre planète.
Ces musiques aériennes se marient à merveille avec le chant habité et la poésie imagée de Cave. Comme à l'habitude, les textes sont sublimes. Après la mort tragique de son fils, l'auteur est plus que jamais empathique avec l'humanité, plus que jamais sensible à la douleur d'autrui. Souvent, ses mots sont plus évocateurs que directs, mais les derniers vers de la très longue dernière pièce, qui parlent de sérénité, de paix intérieure, me semblent être l'aboutissement d'un long processus. Les claviers ambient chaleureux qui bercent tout l'album sont plus qu'appropriés.
Un autre grand disque d'un artiste qui ne cesse de se surpasser!
