La mort de Louis XIV

par VanBasten

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VanBasten
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Inscription : 18 mai 2017, 22:59

11 juin 2017, 14:45

Vu cet après-midi le film de Albert Serra (Histoire de ma Mort) dans un Beaubien surprenamment rempli pour l'occasion, OK c'est la Salle 3 mais quand même surpris qu'un paquet de gens se rassemblent un jour de congé à la même heure pour voir cet objet peu commercial qu'on pourrait classer dans la catégorie film de Festival, je ne suis pas certain si cette expression est sensée être dérogatoire ou non.

Pour en revenir au film, comme le titre l'indique nous sommes dans un film d'époque avec les outils du genre; costumes , textes proclamés , décors surchargés , la direction photo, la cinématographie, le cadrage et l'éclairage transforment ce qui pourrait être clichés et stéréotypes en des mains d'un auteur plus vulgaire, ces scènes en dignes peintures de Rembrandt. Le script est assez minimal à l'image du titre alors que l'on revit l'agonie de celui qui régna à la tête de la France pendant presque 3 quarts de siècle.

Donc on peut facilement parler d’œuvre crépusculaire au propre et au figuré, pensez-y on raconte la mort du Roi-Soleil. Crépusculaire dans la composition alors que les images luxueuses sont baignées d'un éclairage magnifiant les jeux d'ombres dans un huis clos qui se passe la grande majorité du temps dans la chambre où le Roi terminera ses jours. De l'extérieur en dehors de la garde rapprochée de sa cour , la bande sonore nous fera entendre quelques remous , le bruit d'un orchestre , l'orage qui frappe dehors pour le reste ce sera le silence morbide d'une cour impuissante à l'agonie du Roi avec le rare égaiement du gazouillement d'un oiseau. Il faut noter que les rares moments de bonheur pour le Monarque est lorsqu'il est en compagnie d'animaux, je pense en particulier au début de film alors qu'il s'amuse avec ses chiens.

Image

Vous vous en douterez il ne s'agit pas d'un film facile mais le plus dur est de voir Jean-Pierre Léaud, on peut présumer que le choix de l'acteur est hautement symbolique, qui jadis représenta la jeunesse dans sa rébellion dans ses amours , dans son insouciance dans ses indécisions apparaître comme un objet quasi-momifié et décrépit marmonnant ses répliques à la limite de l'intelligibilité on pourrait dire que de ce côté les scènes sont assez brutales et sont vraisemblablement aussi sinon plus violentes que celles du déclin de Emmanuelle Riva dans Amour. J'avoue m'être demandé si en quelque part ce côté fin de siècle, fin d'époque ne représentait pas aussi la fin du cinéma tel qu'on le connait alors qu'on mettait en scène la mort de l'enfant terrible des Quatre cents coups.

Mais alors qu'on concluait l'autopsie du Roi/Cinéma gangrené à mort de l'intérieur, le médecin affirma de façon sentencieuse mais rédemptrice "Messieurs, nous ferons mieux la prochaine fois" Illusoire ou optimiste je ne sais trop mais ça demeure pour moi une superbe invitation à continuer à en faire peu importe la forme ou le corps que cet art prendra.





Le sujet original est ici

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