18 oct. 2019, 23:10
Le gars dans la vidéo dit dès le départ:
''La clé pour être critique c'est d'avoir bon goût.''
C'est vrai. Pis c'est vrai aussi qu'aller à l'école toute sa vie dans un domaine en particulier ne te donne pas nécessairement du jugement de qualité.
Sauf que ça ne plonge pas dans le noeud de l'affaire. Avoir un jugement de qualité et être capable, en plus, de donner avec précision une note... ça demande quoi, au juste?
''bon goût'' c'est vague pas mal...
Selon moi -et vous mettrez une note sur mon explication si ca vous chante- ça se résume à quelques points très simples:
1. Comparaison. Une critique, et donc une note, c'est une comparaison. Therefore, vous devez avoir une bonne base comparative, sans quoi, ça ne vaut pas un clou. L'excellent doit se comparer au très bon qui lui cotoie le bon et ensuite le médiocre et ainsi de suite. C'est une loi implacable. Dans votre ''base de données mentale'', vous devez connaitre vos références, autant dans le sublime que dans le nullisime. Ensuite seulement, avec suffisament de points de repères, dans un large éventail, vous serez en mesure de juger, donc de critiquer et noter avec précision et justesse.
2. Objectivité. Peut-être, sûrement, le plus difficile. C'est avant tout de faire abstraction de ses goûts personnels. Ce qui est pratiquement impossible pour n'importe quel être humain. Nous ne sommes pas des robots. Ceci dit, il faut faire l'effort. Sans quoi, tout s'écroule. Le meilleur moyen est de s'accrocher à des points objectifs, des critères précis, et juger là dessus, sans dépasser la ligne, sans trop teinter de ses préférences. Aussi, ouvrir ses horizons à d'autres styles, d'autres genres, que vos préférences naturelles, ça aide beaucoup... En cas d'incapacité de faire preuve d'objectivité, abstenez-vous, tout simplement. C'est correct, aussi, d'admettre notre incapacité de bien juger de quelque chose.
3. Recul. Prendre du recul passe la plupart du temps par deux choses: laisser la poussière retomber, attendre que le temps passe... Ou se détacher d'une forte réaction émotionelle; positive ou négative. Trop souvent, l'impression de départ est bonne mais exagérée, à la hausse ou à la baisse. Il faut un certain recul ou la discipline mentale de s'en imposer un.
4. Modération. Le dernier point, relativement facile à appliquer mais qui peut rester un piège pour beaucoup de critiques -même professionnels- c'est de modérer ses notes. On ne peut PAS jouer dans les extrêmes avec les notes. Ni d'ailleurs avec les mots, qui finiront par trahir vos excès... C'est une loi non-écrite dans l'art de la critique (maintenant, elle est écrite!): tu ne peux pas garocher du 100 sur 100 ou des 5 étoiles ou des 10/10 partout, tout le temps, sur n'importe quoi. Ca ne fait aucun sens. Il faut impérativement se laisser un buffer, de la marge de manoeuvre pour le meilleur et pour le plus mauvais. Il vaut mieux se balader entre du 20% et du 80%, l'écrasante majorité du temps, et laisser l'excellent flirter avec le 4.5 étoiles ou le 90% qu'en de rares occasions. La note parfaite est pratiquement à bannir entièrement. Idem pour les trucs très mauvais. La notation des vins est prise depuis des lunes avec l'effet Parker, un véritable virus du monde critique, qui fait que tu as des 100 sur 100 mur à mur et qu'une piquette peut faire 87/100. Ridicule. Ne tombez pas dans ce piège à con.