ComplotGalvauder signifie compromettre par un mauvais usage. Ce terme désigne l'action d'utiliser quelque chose à mauvais escient et le déshonorer par la même occasion. -l'internaute
Complotiste
Complotisme
Se faire étiquetter de complotiste est, surtout depuis Trump et encore plus depuis la pandémie, l'équivalent de se faire traiter ''d'osti de tata paranoïaque'' voire même pire que ça mais je manque d'imagination ce midi pour les insultes, bref personne ne veut se faire traiter de complotiste, même pas les complotistes...
Le problème là dedans, c'est que n'importe quoi, étant le moindrement décalé de l'opinion mainstream, peut se faire taxer de complotisme. Si, le moindrement, tu veux questionner quelque chose, en débattre, tu deviens un hurluberlu adepte des complots.
Pire: TOUS les complotistes sont égaux (not). Donc, faisant partie du club, de gré ou de force, tu peux côtoyer les flat-earthers et ceux qui croient dans une cabale de pédophiles à la tête du parti démocrate qui veulent implanter des puces sous-cutanés à tous les êtres humains.
Le problème c'est la disparition de la nuance dans le discours.
Pas de nuance, pas de possibilité de débattre intelligemment. On tombe plutôt dans une dynamique guerrière où l'autre interlocuteur est un ennemi. Les sophismes s'infiltrent partout au point d'éjecter tout le contenu, et ça se termine en division totale, chacun de son côté, chacun protégeant ''sa vérité''.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9o ... ationnisme
Cependant, la théorie du complot, ou conspirationnisme, ne se contente pas d'affirmer l'existence de complots — ce que personne ne conteste —, elle fait du complot la matrice interprétative de tout évènement : le conspirationnisme est décrit par Pierre-André Taguieff comme « la vision du monde dominée par la croyance que tous les événements, dans le monde humain, sont voulus, réalisés comme des projets et que, en tant que tels, ils révèlent des intentions cachées — cachées parce que mauvaises
Le problème avec le fait de ''brûler'' des mots, c'est que ça rend impossible la communication. Le mot perd sa signification profonde, donc son sens, donc sa valeur. Ca devient souvent une simple insulte, qu'on lance pour tout et n'importe quoi. Comme les mots ''racisme'' et ''raciste''. Et la nuance là dedans?
Plus récemment, les études sur la notion d'émergence dans un milieu chaotique suggèrent que tout pourrait se passer comme s'il y avait complot sans que personne n'en tire forcément les ficelles de façon consciente. C'est ainsi que, sans souscrire eux-mêmes au conspirationnisme, les philosophes Antonio Negri et Michael Hardt soulignent, dans leur livre Empire sur la mondialisation, que les théories du complot ne doivent pas être rejetées par principe :
« nous n'entendons pas suggérer qu'il existe un petit opérateur derrière le rideau, un magicien d'Oz qui contrôlerait tout ce qui se voit, se pense ou se fait. Il n'y a pas un point de contrôle unique qui dicte le spectacle. Celui-ci, toutefois, fonctionne généralement « comme » s'il y avait effectivement un tel point de contrôle central […], le spectacle est à la fois dispersé et intégré. […], les théories de conspiration gouvernementale et extragouvernementale pour un contrôle mondial — qui ont proliféré ces dernières décennies — doivent être reconnues comme justes et fausses tout ensemble […] : les théories de conspiration constituent un mécanisme grossier mais efficace pour approcher le fonctionnement de la totalité. Le spectacle de la politique fonctionne « comme si » les médias, l'armée, le gouvernement, les sociétés transnationales, les institutions financières mondiales, etc. étaient tous consciemment et explicitement dirigés par une puissance unique, même si, en réalité, ils ne le sont pas. »
— Hardt & Negri, Empire, partie III, chapitre 5, p. 392
Voilà, ce genre de nuance. Ce genre de réflexion.
Ma lecture du documentaire Hold-up tient plus du fait qu'un groupe de gens, loin d'être malveillant ou avec des intérêts obscurs, tente de trouver des réponses dans un situation de chaos historique. Bien entendu, ça dérive vers la fin avec un questionnement qui fait sourciller, mais jamais au point de discréditer en bloc le film en entier. Le film est plutôt victime de la maladresse ou de l'amateurisme du réalisateur. C'est un fourre-tout avec une structure un peu défaillante.« Les conséquences de nos actes ne sont pas toutes prévisibles ; par conséquent la vision conspirationniste de la société ne peut pas être vraie car elle revient à supposer que tous les résultats, même ceux qui pourraient sembler spontanés à première vue, sont le résultat voulu des actions d'une personne intéressée à ces résultats. »
— Karl Popper
Pour Popper, recourir à la théorie du complot pour comprendre le monde est une erreur : cela revient à postuler que tous les événements résultent d'actions délibérées, dues à des individus qui auraient des intérêts communs et compatibles avec ces résultats, et qui pourraient prédire avec certitude les conséquences de leurs actions. Or, pour Popper, rien n'est plus contestable que ce présupposé sur lequel est bâtie toute théorie du complot : il est très rare que des actions produisent exactement le résultat escompté, il y a toujours des effets secondaires imprévus. Popper donne l'exemple d'une personne voulant acquérir une maison. Son intérêt est que le prix soit le plus bas possible. Mais du seul fait que cette personne se déclare acheteuse, le prix augmente, du fait d'un nouveau demandeur sur le marché, ce qui va à l'encontre de son intérêt. Cet exemple illustre les conséquences néfastes, involontaires et inévitables d'une action
Mais le contenu est là. Il a une valeur certaine. Et il est aussi pertinent que crucial dans la crise actuelle de ne pas étouffer ce genre d'initiative.
À la limite, le documentaire en question n'a pas autant d'importance que la réaction alentour. Une réaction totalement disproportionnée, brutale, violente, épeurante.