Historiquement, le Price to Earnings ratio (P/E)

par jon8

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jon8
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01 janv. 2021, 20:29

Le Price to Earning ratio, c'est une des données les plus fiables (et des plus brutalement honnêtes) sur la valeur réelle d'une compagnie.

Le but d'une compagnie c'est de générer des bénéfices, des ''earnings''. Une compagnie qui ne génère pas de bénéfices est condamnée à échouer, donc à la faillite.
Habituellement, une compagnie en démarrage va avoir quelques années sans générer de bénéfices, mais elle devra obligatoirement tomber dans le vert éventuellement, ou c'est la mort.

C'est une logique indiscutable et inévitable.

Maintenant, la véritable valeur d'une compagnie tient de son P/E qui prend le prix de la compagnie sur le marché (le total des actions multiplié par le coût d'une action) et divisé par les bénéfices d'une seule année (la plus récente).

Historiquement, depuis plus de 100 ans, le P/E moyen varie entre 8 et 20. Cela varie selon les crises économiques, les guerres, les taux d'intérêt, etc... Donc n'importe quelle compagnie qui se situe aux alentour de 14 comme ratio, est essentiellement au centre de la moyenne historique, de la moyenne des compagnies inscrites en bourse.

Par le même raisonnement, une compagnie qui s'éloigne de 14, s'éloigne en quelque sorte de ''la réalité''. Dans les deux sens: trop bas ça peut vouloir dire que la compagnie n'investie plus du tout pour assurer son avenir, donc elle est en danger à moyen-long terme, ou est sur un plateau qui la met en danger face à la compétition et trop haut ça peut vouloir dire qu'elle doit impérativement livrer des performances de croissance à courts termes.

''trop bas'' c'est entre 4 et 7, habituellement.
''trop haut'' c'est entre 25 et 50 habituellement.

Ce que nous observons actuellement, au moment d'écrire ces lignes, c'est plusieurs compagnies ''à la mode'' et portées par un enthousiasme excessif, avec des P/E de l'ordre de 300, 500, 1000, 1500.... Et aussi, des compagnies toujours en stade ''start-up'', sans aucun P/E, qui, SI elles réussissent un jour à être profitables, seront aussi condamnées à des premiers P/E astronomiques...

D'un point de vue strictement BUSINESS, et aussi avec une logique financière très basique, il faut comprendre qu'un P/E très élevé est condamné à baisser, à court ou moyen terme. La raison est très simple: si la compagnie est la superstar qu'elle croit être, les profits vont exploser et le P/E va forcément baisser. Si au contraire la compagnie est un flop, le cours de l'action va baisser ou crasher et le P/E va baisser (ou la cie va faire faillite). Finalement, si la compagnie est sur un plateau et stagne, le cours de l'action va baisser puisque les investisseurs vont s'impatienter et investir ailleurs, donc le P/E va baisser. Il n'y a donc AUCUN scénario où le P/E peut rester élevé infiniment, c'est mécaniquement impossible.

Maintenant, ce qui est intéressant, c'est qu'une compagnie (prenons Tesla au hasard) avec un P/E de 1400... pour un jour atteindre sécuritairement la moyenne historique de 14, elle doit multiplier ses bénéfices par... 100. Vous me suivez? Donc si elle fait 1 milliard de bénéfices, elle doit augmenter à 100 milliards.

On parle donc essentiellement de rendre une compagnie 100x ''meilleure'', pour justifier le P/E actuel.

Bien entendu, si le cours de l'action double, lorsqu'elle atteint ce 100x plus, alors il faut atteindre 200x plus, pour maintenir le P/E de 14 sinon, forcément, il serait à 28...

Normalement, historiquement, ce qui arrive c'est plutôt que le cours d'une action monte avec des bonnes nouvelles. Et le cours d'une action descend lorsque les prévisions déçoivent. Dans le cas d'une bulle, le cours monte sur des prévisions repoussées loin dans le temps et lorsque suffisament de ces prévisions décoivent, le cours de l'action baisse brutalement, souvent engendrant un crash du cours de l'action dans un laps de temps très court. C'est l'éclatement d'une bulle spéculative. Sur un seul stock ou sur un secteur ou sur le marché au complet.

https://www.macrotrends.net/2577/sp-500 ... ings-chart

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01 janv. 2021, 20:54

De manière un peu contre-intuitive pour le néophyte, une compagnie qui n'a AUCUN ratio P/E et, surtout, qui n'en a jamais eu.... Est dans une situation moins inquiétante qu'une compagnie avec un P/E très élevé.

La raison ?

Ils ne sont tout simplement pas au même stade de développement.

Une start-up, une vraie, ne dégage habituellement aucun bénéfice. Au contraire, elle essuie des pertes parce qu'elle doit investir massivement pour à la fois développer son produit ou service et s'assurer que la compétition ne sera pas une menace pendant son stade ''embryonnaire''. C'est une course. Et pendant cette course, les bénéfices ne sont pas (encore) l'objectif principal.

Par contre, tout juste après la phase ''start-up'', souvent ne dépassant pas 5-7 ans après sa fondation, il y a la phase où elle commence à générer des bénéfices nets. On devine alors beaucoup mieux le potentiel réel de la compagnie. Ce qu'elle pourra devenir. C'est précisément LÀ que l'on commence à se pencher sérieusement sur la manière de monétiser le mieux possible, selon la stratégie la plus intelligente pour maintenir croissance et revenus stables.

L'ennui c'est lorsque la compagnie est déjà dans la phase monétisation mais flotte encore sur les nuages d'une start-up. S'ensuit forcément des espoirs irréalistes. Historiquement parce que l'on sous-estime la compétition, le facteur ''mode'' d'un produit ou service, ou simplement les aléas d'un marché ou d'un secteur, voire même la difficulté de bien gérer ses marges bénéficiaire par une bonne gestion...

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01 janv. 2021, 21:09

Quelques exemples de compagnies qui sont actuellement en danger. Soit parce que le P/E est trop élevé, soit parce que la compagnie ne réussi pas à s'arracher de son stade embryonnaire de start-up même après plusieurs années, donc sans bénéfice (récent) et sans P/E:


TSLA : avec un P/E de 1349 après 17 ans
SHOP: avec un P/E de 699 après 16 ans
MTCH: avec un P/E de 454 après 8 ans
ZM: avec un P/E de 234 après 9 ans

UBER : aucun P/E après 11 ans
SNAP: aucun P/E après 10 ans
PINS: aucun P/E après 12 ans
ABNB: aucun P/E après 13 ans
BYND: aucun P/E après 11 ans
TWTR: aucun P/E après 14 ans

À peu près toutes ces compagnies ont un potentiel de croissance réel qui est surévalué.

Par exemple, SNAPCHAT, PINTEREST, TWITTER, MATCH (Tinder) sont déjà en mode agressif de monétisation, avec de la pub ou un pressage de citron quelconque.

Ensuite, UBER et ABNB sont dans un marché (tourisme) qui fait face actuellement à un avenir très sombre.

Ensuite, tu as SHOPIFY et ZOOM qui navigue sur le buzz du magasinage en ligne et du télétravail. Vedettes du moment mais vedette de demain?

Finalement, on a les TESLA et BEYOND MEAT (je pourrais même ajouter notre petit GURU québécoise) qui sont dans des secteurs très compétitifs (la bouffe et l'automobile) avec des marges bénéficiaires notoirement réduites.

J'ajouterais bien BA (Boeing) mais ça c'est un gros dinosaure techniquement en faillite qui ne réussi qu'à survivre à cause du patriotisme américain et du too-big-too-fail...

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01 janv. 2021, 21:27

À titre de référence, voici ce qui fut jadis des start-up mais qui réussissent maintenant à dominer le monde et, ironiquement, boudées par les investisseurs. Pas vraiment boudées, mais disons que le P/E est beaucoup plus réaliste.

Ironiquement, aussi, ce sont des investissements beaucoup plus sécuritaires et fiables. Mais comme l'appât du gain (greed) est une tendance très dominante actuellement, ce sont les compagnies spéculatives qui sont populaires.


FACEBOOK: avec un P/E de 31
GOOGLE: avec un P/E de 34
APPLE: avec un P/E de 40
AMAZON: avec un P/E de 95
MICROSOFT: avec un P/E de 36
NETFLIX: avec un P/E de 87
ALIBABA: avec un P/E de 25

Toutes proportions gardées, ces compagnies, à cause de leurs P/E ''down to earth'' sont carrément étiquettées comme des compagnies ''matures'' sans réel potentiel de croissance. Ce qui est assez amusant, sachant que ces compagnies sont souvent en situation très dominante, avec des assets gigantesques...

En plus, ce n'est pas exactement des compagnies vieillottes sorties d'un vieux film des années 30...

Mais pourtant, la saveur à la mode actuellement c'est autre chose. Alors que sur un horizon lointain, un 10k investi dans ces compagnie va sûrement valoir plus qu'un 10k investi dans les compagnies listées dans le message précédent.

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01 janv. 2021, 23:33

Maintenant, ce qui est intéressant, c'est qu'une compagnie (prenons Tesla au hasard) avec un P/E de 1400... pour un jour atteindre sécuritairement la moyenne historique de 14, elle doit multiplier ses bénéfices par... 100. Vous me suivez? Donc si elle fait 1 milliard de bénéfices, elle doit augmenter à 100 milliards.
J'aimerais revenir là dessus.

Savez-vous combien de compagnies ont réussi à faire 100 milliards de profit en une seule année, dans toute l'histoire de l'humanité?

0.

Zéro. C'est jamais arrivé.

Le plus proche c'est Apple en 2018 avec 60 milliards.

Amazon? Le max c'est environ 13 milliards.
Costco? Pfft à peine 5 milliards
Google? un peu plus de 37 milliards
Facebook? 22 milliards en 2018 aussi, en baisse depuis.
Wal-Mart? à peine 15 milliards lors d'une bonne année.
Pfizer? Une année record à 21 milliards en 2017.
Exxon (Esso)? Des grosses années à 20 milliards.

Au Canada? Le top c'est la Banque Royale avec 9 milliards (canadien).

Des géants, des monstres. Normalement, ça navigue dans les 10 à 22 milliards de profits par année pour ces méga-compagnies.

Les seules exceptions c'est Apple et Google. Des espèces d'OVNI. Des Titans. Les plus lourds du GAFA.

Maintenant, est-ce qu'il est permis de croire qu'une compagnie comme Tesla puisse un jour faire 100 milliards de profit? Même dans les délires les plus fous, non. La réponse est non. Pas dans l'industrie automobile (ou de l'energie solaire). Ca ne fait tout simplement aucun sens. Apple fait du cash comme de l'eau parce que fondamentalement elle tient captif sa clientèle avec un ecosystème particulier ET des marges bénéficiaires astronomiques (ça coute des peanuts faire un iPhone) et un volume gigantesque (tous les humains veulent un cell).

Google? Google est dans une situation monopolistique complètement démentielle. Moteur de recherche + pub, c'est pas le roi de la montagne, non, c'est le dieu de la planète. La puissance de cette compagnie est presque irréelle. C'est épeurant.

Facebook épeurant? Oui et non. Amazon épeurant? Oui et non. Mais Google et Apple, c'est des titans. Chacun à leur manière, mais fondamentalement parce qu'ils sont si bien implantés, si forts, qu'ils sont pratiquement invincibles.

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01 janv. 2021, 23:40

FACEBOOK: avec un P/E de 31
GOOGLE: avec un P/E de 34
APPLE: avec un P/E de 40
MICROSOFT: avec un P/E de 36
Voyez ici des compagnies très dominantes. Avec un P/E actuel très similaire. J'arrive à une moyenne de 35.

Une moyenne de 35, alors que la moyenne historique est de 14. Mais jouons le jeu et utilisons le haut de la fourchette historique, c'est à dire un P/E de 20.

Donc, je m'attendrais à une correction du marché de 40%, à court ou moyen terme. C'est énorme, je sais, mais c'est pourtant les chiffres qui parlent. Bref, si vous êtes témoin d'un CRASH, qui fait descendre le marché de 40%, n'en soyez pas surpris, puisque ce serait simplement un retour à la normale, un retour au réaliste, et ce, dans la fourchettte HAUTE de ce qui fait du sens, logiquement.

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01 janv. 2021, 23:47

Bref, si vous êtes témoin d'un CRASH, qui fait descendre le marché de 40%, n'en soyez pas surpris, puisque ce serait simplement un retour à la normale, un retour au réaliste, et ce, dans la fourchettte HAUTE de ce qui fait du sens, logiquement.
Plus concrètement, ca veut dire:

DOW JONES à 18,400 points. (actuellement 30,600 pts)
NASDAQ à 7,700 points. (actuellement 12,900 pts)

Mais de manière plus réaliste, je dirais que le Dow Jones va se maintenir au dessus de 20,000 mais que le NASDAQ va descendre sous les 7,000.

Dans les deux cas, on parle de (crash) corrections très sévères, mais qui, ironiquement, nous ramène seulement à quelques mois derrière (!)

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02 janv. 2021, 01:01


Autre chose très intéressante et révélatrice:


Suite à un ''peak'' du P/E moyen, historiquement c'est suivi d'un creux.

Donc, après la grande dépression, après la 2e guerre mondiale, après la crise des années 70, après le crash de 87, après le 11 sept 2001, après la crise de 2009.....

On voit le P/E moyen plonger à :

8
9
6
13
9
11
etc...

Toujours en dessous de la moyenne historique de 14, bien sûr.

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02 janv. 2021, 01:07

Et maintenant, observez les graphiques depuis le début du 21e siècle:


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Ca vous dit quoi, ça?

Nous sommes en plein dans un de ces peaks. On sait que nous somme au dessus de la moyenne historique de beaucoup, on sait qu'historiquement suite à un peak ca pogne un creux, on sait déjà que la crise Covid-19 va au minimum affecter négativement plusieurs industries et secteurs...

Il me semble évident qu'un correction majeure est à venir. Est-ce que ce sera le mois prochain? Dans 6 mois? dans 1 an? Difficile de ''timer'' précisément, mais ça me semble très évident qu'une correction est à venir.

Du moins, historiquement, au niveau statistique, c'est inévitable.

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02 janv. 2021, 01:18

Si on pousse l'analyse encore plus loin...

Le P/E est le rapport entre le cours de l'action ET les bénéfices. Donc le P/E moyen va logiquement augmenter quand les marchés montent en flèche MAIS aussi quand les bénéfices vont chuter. Donc, souvent à l'annonce des résultats trimestriels (Q1, Q2, Q3, Q4).

Souvent annoncés les 15 janvier, 15 avril, 15 juillet et 15 octobre.

Donc, le stock market est à la fois en avance sur le futur (prévisions) et en retard sur les résultats (quarters). Ce qui provoque parfois des corrections brutales, ou des crash.

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02 janv. 2021, 01:27

Ça fait quand même un bout que c'est pas arrivé, mais le P/E moyen a baissé à 7 en 1980.

Donc, tu prends les grosses compagnies dominantes listées ci-haut et tu divises par 5 leurs coûts d'achat. C'est quand même énorme, et c'est pourtant un scénario pas tellement farfelu puisque c'est déjà arrivé dans l'histoire quelques fois. La moyenne historique est de 14, donc des creux à 7 ou 8 ou 10, c'est dans le domaine du possible.

Mais même dans notre réalité actuelle en 2021, un creux à 20 serait déjà très dramatique.Le graphique sera à surveiller pour decembre 2020 mais ca ne m'étonnerait pas que nous franchissions le 40 de moyenne, ou ça se fera en janvier 2021... Ce qui voudrait dire que la correction serait ensuite imminente, donc février ou mars.

À surveiller.

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02 janv. 2021, 01:34

À noter que ça bouge très vite et très fort, ce P/E moyen.

En effet, de août 2008 à janvier 2009, donc seulement quelques mois, ca a passé de 28 à 120.

et de mars 2001 à novembre 2001, de 25 à 46.

plus loin, de octobre 1990 à octobre 1991, de 14 à 25.

...les chutes aussi sont brutales, parfois.