Le Panier Bleu (critique de l'initiative)

par jon8

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jon8
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07 avr. 2020, 17:34

Je suis moi-même très critique devant cette initiative (ma lettre envoyée aux admins derrière le projet, ici bas dans le 2e message) mais avant, voici un échantillon des nombreuses voix qui s'élèvent, à contre-courant de ce petit buzz bleu qui plaît à la population Québécoise, trop heureuse d'être solidaire, mais ignorante des raisons qui font de tout ça une authentique fausse-bonne-idée.
quand ce discours devient politique économique, c’est problématique.
Acheter local, c’est du « America First » de Donald Trump. Même discours, mêmes enjeux, mêmes dangers.
Compte tenu de notre dimension relative, nous souffririons grandement d’une réaction de nos grands partenaires à une politique « Québec First ».
Ce n’est pas le moment de promouvoir une version « Québec First ». Le gouvernement américain se comporte de manière irresponsable au niveau international ; ce n’est pas une raison de lui emboîter le pas.
Rappelons que près de 40 % des emplois au Québec dépendent des marchés extérieurs. Comment le ministre Fitzgibbon pourra-t-il aller à New York, Washington, Toronto et Calgary convaincre nos partenaires d’acheter québécois ? Quand il demande aux Québécois d’acheter québécois.
On entend souvent que notre mode de vie repose sur une croissance perpétuelle, alors que les ressources de la planète sont limitées. C’est faux. Ce discours est une constante de l’histoire de l’humanité. (...) La croissance passe essentiellement par l’amélioration des produits et services de tous genres, y compris les nouveaux, et nous avons à ce sujet une immense marge de manœuvre à combler.
Plus que jamais, les humains sont tous dans le même bateau, mais c’est un grand bateau que certains peinent à voir comme tel.
- MARCEL BOYER
PROFESSEUR ÉMÉRITE DE SCIENCES ÉCONOMIQUES À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL ET FELLOW DU CIRANO


(à lire au complet ici)

https://www.lapresse.ca/debats/opinions ... r-bleu.php



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Bâtir un répertoire des commerces québécois pour encourager l’achat local, comme Le Panier Bleu, est « très louable », mais fait fi des leçons des 20 dernières années en matière de commerce électronique.
« C’est une bonne idée, mais un mauvais véhicule, estime Frédéric Fortin, stratège web. J’espère seulement me tromper… »

Le Panier Bleu fait table rase de ce qui a fait l’énorme succès de Google, de Facebook et d’Amazon, dit-il. Le ciblage publicitaire, les prix compétitifs et les conditions de livraison se sont montrés bien plus efficaces que le simple affichage et le classement des offres.

« Les répertoires web, c’est très 1999, ce n’est pas 2020, dit M. Fortin.
« Si la dame qui fait des couches lavables à Terrebonne les met en vente sur Amazon et qu’elle vend en Alberta, l’argent revient à Terrebonne, dit Frédéric Fortin. Si un Québécois les achète sur Amazon, c’est de l’achat local. Si tu veux enrichir ton pays ou ta province, c’est l’argent d’ailleurs qui doit entrer. »
(à lire au complet ici)

https://www.lapresse.ca/affaires/entrep ... s-1999.php

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jon8
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12 avr. 2020, 12:55

Voici ma lettre:
M. Dumas et toute l'équipe derrière le projet Le panier bleu,

Derrière l'élan bourré de noblesse, sous le vernis de la solidarité, mon premier réflexe a été d'y voir une invitation au repli social-économique. Purement et simplement. Quelque chose comme le Buy American Act et autres initiatives similaires à la sauce Donald Trump, mais en version bleu poudre. Est-ce vraiment le temps de partir en guerre contre les Amazon de ce monde? C'est le bon timing pour verser dans le protectionnisme improvisé sur un coin de table?

Comprenez-moi bien: l'initiative, si présentée comme temporaire, ça va. Au minimum, comme société distincte nageant dans une crise historique, on a besoin actuellement dans nos vies de n'importe quoi de positif, un genre de #cavabienaller économique, même si vaguement chauvin, j'approuve.
Mais si c'est pour s'incruster dans le temps, dans nos habitudes et dans une stratégie de fond du gouvernement, alors c'est que nous signons un chèque en blanc au protectionnisme. Pis ça, ça ne va pas du tout. Des hordes d'économistes dans l'histoire ont fait la démonstration que le protectionnisme n'est pas efficace. Surtout pas dans le contexte actuel et dans l'inévitable récession, ou dépression mondiale qui se dessine.

Disons que le charmant concept ''panier bleu'' fait du chemin et vire de toutes les couleurs? Disons chez nos voisins de l'Ontario? Dans toutes les provinces? Déjà que nous devons gérer les sautes d'humeur du président chez nos voisins du sud, est-ce vraiment le temps de mettre un frein aux échanges chez nos voisins à l'est et à l'ouest, partout sur la planète même chez nos voisins les plus proches? Si tout le monde tire la couverte de son bord, pensez-vous qu'elle va déchirer un peu plus à l'est, à l'ouest, au sud ou au nord?

Aussi, songez-vous aux (nombreuses) compagnies d'ici, petites et grandes, qui dépendent de l'exportation? On vante depuis des années les bienfaits d'exporter le ''Made in Québec'', puis du jour au lendemain, on glorifie mur à mur l'achat local? Le modèle d'affaire de plusieurs compagnies d'ici est basé sur le commerce international, et au minimum interprovincial. Le risque dans tout ça c'est de cautionner et participer à un mouvement mondial de repli social-économique.

Ne nous berçons pas d'illusions, l'heure est à la lucidité: la province de Québec n'est pas auto-suffisante, et dans l'absolu aucun état dans le monde ne l'est actuellement. La ''guerre des masques'' en est la démonstration la plus flagrante. Si ce n'est pas des masques ou des respirateurs, ce sera un jour autre chose...
Cette crise a cela de très particulier: elle est planétaire. Tout le monde est dans le proverbial même bateau, c'est une grosse tempête qui brasse énormément et ce n'est pas le temps de chercher à savoir qui rame le mieux, c'est le temps d'éviter de tous se faire emporter par les vagues...

La mondialisation que certains veulent diaboliser est, de toute manière, déjà bien enracinée et, à mon humble avis, irréversible à l'ère d'internet. Taxez-moi d'optimiste, mais cette interdépendance, que je préfère voir comme une collaboration globale, est une créature fragile qui est en train de se faire tester, mais qui peut et va durer dans le temps, pour des générations à venir.

Sauver la province de Québec, d'accord, mais présentement l'urgence est à sauver la planète. La crise sanitaire mondiale et ensuite la crise économique mondiale qui va suivre.

Pour le moment, ce n'est pas le panier bleu qui m'importe le plus, c'est la planète bleue.

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12 avr. 2020, 13:05

Comme souligné par l'économiste dans le premier post: fondamentalement la stratégie de fond n'est pas la bonne, c'est même contre-productif pour le ''local'', pour le bien de la société Québécoise.

Ensuite, même au delà du questionnement de la stratégie, c'est carrément mal exécuté. Une solution complètement déphasée du contexte actuel de notre époque et downright maladroite.

Bref, je suis décu que des gens comme Alexandre Taillefer et François Legault puissent s'être embarqués dans une patente-à-gosse comme celle là. Décu parce que c'est la preuve d'un manque de vision 'business' assez flagrant, et même d'un manque de compréhension du commerce global, dans ses mécaniques pourtant les plus simples et faciles à comprendre.

Il reste donc l'agenda politique. Visiblement, ça teinte le jugement, de l'agenda politique.

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31 oct. 2020, 12:10

https://www.lapresse.ca/debats/opinions ... bleues.php



Le premier ministre n’a jamais caché ses préférences pour le made in Québec. La pandémie et les ravages économiques qu’elle a causés lui donnent l’occasion d’avancer dans cette voie. On l’a vu avec le site du Panier bleu, bénin mais d’une utilité limitée, et dont la fréquentation semble s’être déjà essoufflée.

Le véritable danger est cependant quand François Legault et son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, se mettent à rêver de batteries pour véhicules électriques, de tracteurs intelligents, de baleines volantes (des dirigeables) et de fruits et légumes d’hiver. Le problème n’est pas la valeur d’un projet ou d’un autre, mais que ce soit le gouvernement qui l’évalue et prenne les risques. Avec notre argent.