Quand je veux savoir si le nouvel album d'un artiste que j'affectionne tient la route ou non, je lui fais passer un test: après l'avoir écouté à quelques reprises, je sors les vieux disques du même artiste et les glisse dans mon lecteur. C'est ma façon de vérifier si l'amour que je porte à ce musicien me rend aveugle ou trop clément.
Je me souviens avoir fait passer cette épreuve au "Guero" de Beck, un disque sur lequel il retournait au son éclaté de ses premiers opus après un passage folk. J'avais alors eu la confirmation de ce que j'appréhendais: malgré son habillage coloré, ce disque n'avait pas une once d'âme, la folie y était calculée. Il ne faisait pas le poids face à "Odelay" et "Mellow Gold". Depuis, je continue de croire que Beck n'est que le fantôme de ce qu'il a déjà été.
Cet "Étrange Pays" vient donc de passer le test et le résultat est tout le contraire du constat que j'avais fait en face du disque de Beck: oui, le Wolf s'est tranquillisé, mais ses chansons sont quand même remplie de sève, même s'il s'agit d'une sève noire. Exit la folie de "Cookie" ou de "1990", mais sous les haillons gris que portent les nouveaux morceaux, le coeur bat toujours. Le mec a vieilli, mais il l'assume à 100% et nous fait un bien beau portait du temps qui passe.
- chibougue
- 02346
- Inscription : 24 mai 2017, 11:45
Ça, c'est le temps qui le dira. En attendant, je ne peux parler qu'en mon propre nom, mais j'ai de la difficulté à lui trouver assez de défauts pour le faire glisser en bas de la troisième position qu'il occupe dans mon palmarès Leloup, à ce disque. Après de plus en plus d'écoutes (car j'y suis accro), je trouve toujours qu'il s'agit d'un grand cru.
- chibougue
- 02346
- Inscription : 24 mai 2017, 11:45
Bon. eh bien, je dois réitérer: grand disque! Je me demande même s'il n'est pas, tranquillement mais sûrement, en train de se glisser vers la première position de mon palmarès personnel des meilleurs disques de Leloup.
J'ai l'impression d'entendre des chants d'après le désastre: ces quelques allusions à une guerre tout juste terminée, cette instrumentale lente et froide intitulée "Nouvelle Alerte", cette solitude de l'artiste qui déclame sa poésie en pleine forêt au milieu de la nuit, et cette mort qui est partout. Tout ça me donne l'impression de me trouver dans l'univers post-apocalyptique que Cormac McCarthy décrit si bien dans son roman "La Route".
Je pense aussi au chevalier de Bergman qui joue aux échecs avec la mort, qui sait qu'au prochain coup, celle-ci va gagner mais qui laisserait le jeu en plan et irait errer un brin parmi les arbres histoire de profiter du temps qui lui reste à vivre.
Leloup n'a plus besoin d'épater la galerie en faisant le bouffon. Il a quitté le party, fermé la porte derrière lui en prenant bien soin d'apporter sa guitare afin de se mettre au diapason de ce que les muses de la nuit ont à lui dire. C'est dur, c'est rude, c'est noir, mais c'est beau.
J'ai l'impression d'entendre des chants d'après le désastre: ces quelques allusions à une guerre tout juste terminée, cette instrumentale lente et froide intitulée "Nouvelle Alerte", cette solitude de l'artiste qui déclame sa poésie en pleine forêt au milieu de la nuit, et cette mort qui est partout. Tout ça me donne l'impression de me trouver dans l'univers post-apocalyptique que Cormac McCarthy décrit si bien dans son roman "La Route".
Je pense aussi au chevalier de Bergman qui joue aux échecs avec la mort, qui sait qu'au prochain coup, celle-ci va gagner mais qui laisserait le jeu en plan et irait errer un brin parmi les arbres histoire de profiter du temps qui lui reste à vivre.
Leloup n'a plus besoin d'épater la galerie en faisant le bouffon. Il a quitté le party, fermé la porte derrière lui en prenant bien soin d'apporter sa guitare afin de se mettre au diapason de ce que les muses de la nuit ont à lui dire. C'est dur, c'est rude, c'est noir, mais c'est beau.
- chibougue
- 02346
- Inscription : 24 mai 2017, 11:45
C'est bien possible, car ce disque ne contient aucun succès qui marquera les esprits comme "Isabelle" ou "1990"... Ce serait néanmoins dommage que l'on sous-estime cet "Étrange Pays" pour cette raison car il n'en a pas besoin, de ces hits, pour briller.
- jon8
- 07116
- Inscription : 15 avr. 2017, 00:26
....ah bon?
Chibougue, tu serais pas en train de nous taper une petite dithyrambite aïgu, par hasard?
Pour les paroles, la poésie, ok peut-être, mais musicalement cette pièce (et l'album au grand complet) c'est assez ordinaire, to say the least....
D'ailleurs, j'en ai discuté dans mon entourage le week-end dernier, dont beaucoup qui aimaient le Jean Leloup des années 90, j'ai fait écouter les extraits du nouvel album et c'était unanime: ''bleh.''
Même pas tiède comme réaction, carrément froide.
Chibougue, tu serais pas en train de nous taper une petite dithyrambite aïgu, par hasard?
Pour les paroles, la poésie, ok peut-être, mais musicalement cette pièce (et l'album au grand complet) c'est assez ordinaire, to say the least....
D'ailleurs, j'en ai discuté dans mon entourage le week-end dernier, dont beaucoup qui aimaient le Jean Leloup des années 90, j'ai fait écouter les extraits du nouvel album et c'était unanime: ''bleh.''
Même pas tiède comme réaction, carrément froide.
- jon8
- 07116
- Inscription : 15 avr. 2017, 00:26
Visiblement, il semble y avoir un clivage très net entre ceux qui adorent l'album et ceux qui s'en balancent, voire n'aiment pas du tout.Leloup n'a plus besoin d'épater la galerie en faisant le bouffon. Il a quitté le party, fermé la porte derrière lui en prenant bien soin d'apporter sa guitare afin de se mettre au diapason de ce que les muses de la nuit ont à lui dire. C'est dur, c'est rude, c'est noir, mais c'est beau.
Devant l'enthousiasme de Chibougue et le 4 étoiles et demi de Brunet (woah, quand est-ce la dernière fois??) en contraste avec l'opinion du pauvre petit peuple qui appréciait les pirouettes du bouffon, on se pose des questions!
Pour ma part, je ne vais clairement pas acheter ce nouvel album et vraiment espérer un rebond du bouffon pour la suite de sa carrière!
Sinon, eh bien, R.I.P. Bouffon!
- chibougue
- 02346
- Inscription : 24 mai 2017, 11:45
"Pauvre petit peuple"? Est-ce que tu sous-entends que si quelqu'un (moi ou Brunet ou Cormier ou peu importe...) aime ce disque, c'est par snobisme?
Come on...
- chibougue
- 02346
- Inscription : 24 mai 2017, 11:45
Le bon vieil argument de la majorité. C'est peut-être mon côté élitiste, mais ça ne m'a jamais convaincu...
- jon8
- 07116
- Inscription : 15 avr. 2017, 00:26
Brunet fait dans l'élitisme et ne s'en cache pas du tout.
en ce qui te concerne, je pense que tu es charmé par l'élan de maturité du bonhomme Leloup (avérée ou pas) ...alors que moi je vois plus de la fatigue que de la maturité. Les deux points de vue se valent.
Sans parler du fait que, musicalement, c'est faible. J'veux dire, c'est objectivement faible. Bref, pour aimer cet album, faut vraiment s'attacher au symbole et aux textes.
- jon8
- 07116
- Inscription : 15 avr. 2017, 00:26
Tsé, après Nick Drake pour le feel intime, si on poursuit dans les comparaisons, mais au niveau de la symbolique, moi je pense à Blackstar. C'est à la fois de la maturité, un dernier souffle grandiose, une poursuite cohérente de son oeuvre passé et, surtout, un stunt artistique magistral.
Bref, si la galette de Jean Leloup vaut du 4 étoiles et demi, aussi bien donner 50,000 étoiles à Bowie.
Bref, si la galette de Jean Leloup vaut du 4 étoiles et demi, aussi bien donner 50,000 étoiles à Bowie.