À te lire, on dirait que tu penses que les auteurs de chansons sont des lâches, des peureux ou des paresseux.
Uhm, bonne question.
Est-ce que je trouve les auteurs de chansons lâches? Je ne pense pas, non. Sauf évidement s'ils n'ont pas le courage d'écrire de la vraie littérature. Dans ce cas là, eh bien c'est des lâches! haha
Mais s'ils le font par goût, par passion? Par choix conscient (des limites) et assumé? Pour l'amour de la musique et du métier?
Alors, non, ce n'est pas de la lâcheté.
Faut pas tout mêler, là!
Le type qui veut à tout prix utiliser la musique, comme outil, en se contre-calissant de la dite musique, pour passer un ''message'' (SA vérité, disons-le...) c'est quelqu'un de plus prétentieux que de lâche. Et, perso, j'ai plus de respect pour les lâches que pour les prétentieux. Mais malheureusement, j'ai bien peur que la prétention soit un plus gros problème que la lâcheté. Dans ce milieu précis.
J'pense pas que le dude avec sa guitare se lève un matin et se dit
''Ouin ouin ouin, écrire un livre c'est d'l'ostie de job, m'a écrire une chanson a place ca va être binque plus facile...''
Non.
C'est plutôt quelque chose comme
''Je dois absolument trouver de la musique pour porter ces mots merveilleux qui risquent de changer l'humanité de par leurs infinies sagesses woah je capote j'me roule un autre pétard''
Je caricature, bien sûr. Juste pour l'exemple.
mais lorsqu'elle est prise au sérieux, l'écriture de chanson peut être une entreprise très exigeante. Leonard Cohen passait des mois à élaborer le texte d'une seule chanson.
Même si c'est pour écrire le texte d'une chanson, plonger en dedans de soi et trouver les images justes pour témoigner de ce qu'on a vu - la beauté comme la laideur - n'est pas une sinécure.
La difficulté d'une tâche n'a rien à avoir avec sa valeur absolue. Tu peux parfaitement consacrer ta vie entière à quelque chose, et même y sacrifier 10,000 esclaves si tu veux, sans pour autant que ce soit véritablement important ou ayant de la valeur (dans le big picture of things cosmique... lol)
Si Hemingway devait mettre sa santé en péril pour qu'il réussisse à chier ses bouquins, est-ce que ca rend le livre meilleur? Non. Oui pour les gens qui se font impressionner par cette grossière illusion, mais non dans l'absolu. On s'en tape du process, sauf si tu en fait un argument marketing. Pis là, franchement, ca devient un package avec ton oeuvre (ahhh cet auteur en a bavé! que ce doit être bon!)....
D'ailleurs, ca me permet de revenir à Jean Leloup.
Cette dernière galette, eh bien elle n'aurait pas la moitié, que dis-je, le dixième de sa valeur si prise en dehors du background historique ''Leloup''. Certains adorent cet album parce que le guignol est devenu mature et 'meilleur' voire repentant (oh-oh-oh-pfft, mais c'est une autre discussion...) alors que d'autres (moi et mes ami(e)s) voient surtout de la fatigue.
Dans les deux cas, c'est toujours une évaluation faite en comparaison avec ''le vieux'' stock de Leloup. Son passé. Ce qu'il était (!).
Bottomline, un dude nowhere qui débarque avec cet album, il ne se fait peut-être même pas signer par un label sérieux. L'oeuvre n'est rien* sans les autres oeuvres.
Rien* dans le sens que c'est pas un fuckin 4 étoiles et demi.....