C'est quelque chose de monumental qui arrive comme ça, ici là, dans l'univers de la musique électronique. Je m'en rend compte à peine, à peine...
http://www.xsilence.net/disque-10794.htm
[Afin de rendre hommage à la diffusion en direct par Autechre des NTS Sessions et à l'excitation que cette initiative a suscité, cette chronique a été rédigée en live elle aussi, sur des feuilles en papier avec un stylo bic bleu pendant les deux heures durant lesquelles j'ai fait l'expérience de ma première écoute de cette Session 1. Vous êtes donc invités à ne pas prendre ce texte pour autre chose que de l'écriture automatique vaguement guidée par les algorithmes du duo anglais.]
18 minutes... ils sont pas là pour niaiser... Là on dirait que quelqu'un gratte le sol à l'envers. 1'30 avant qu'une rythmique pointe le bout de son nez alien, après une sorte de collage blip-bloupesque abstrait... Je ne suis déjà plus bien sûr que mon idée de rédaction à chaud ait été si judicieuse, me voilà contraint de produire à partir de quasi rien, en roue libre, autant essayer de créer un potager sur la surface de la Lune. Il vaudrait peut-être mieux que j'attende un peu plus patiemment, de toute manière l'instant présent est déjà dépassé et gnagnagna.
Bon c'est peut-être pas si désespéré que ça mon ambition de potager... une fois l'œil (ou le tympan) habitué au paysage, on appréhende davantage ce qui se passe, les machines insondables d'ae ne seraient-elles pas en train de la terraformer, cette foutue terre lunaire sans vie ? Les robots métalliques s'appliquent à décrire des chorégraphies cryptiques avec une régularité impressionnante, presque Fordienne dans le boum-paf. Ça m'a toujours épaté ça, la capacité du duo à faire une musique qui reste dansante malgré toute sa complexité et sa tendance à l'abstraction. 13 minutes, quelque chose vient de bouger... le beat a changé de texture, plus étouffé, et tous les 4 temps une note synthétique curieuse, entre l'orgue et le clavecin (recrachée par une imprimante 3D) s'élève pour remplacer la précédente. On dirait un instrumental trip-hop qui trainerait comme un zombie, le groove en ayant été sectionné afin que seule reste la menace dissonante d'un bad trip qui se mettrait en quête de t'engloutir si par malheur tu étais amené à croiser sa route.
Le temps que je me planque pour lui échapper, le morceau suivant a déjà commencé. "bqbqbq"... bbq ? Je repense bêtement à mon vieux potager, que j'ai laissé dans le cimetière des métaphores. Curieuse bestiole que celle-ci... ça commence comme un petit apéro enjoué chez les petits hommes verts, on ne comprend pas ce qui se dit dans les conversations mais les bleeps et les bloops trahissent une certaine légèreté et une ponctuation. Bien vite, ce sont des nappes basses qui viennent nuancer l'humeur. Le ton devient incertain, selon les notes on pourrait croire à de l'apaisement ou une menace sourde. Je sais pas pourquoi je me sens si souvent menacé en écoutant Autechre, je serais pas un peu parano ? Ce n'est pas l'arrivée d'une texture plus aquatique, vers 6 minutes dans le morceau, comme si les aliens étaient allé piquer une tête dans la piscine pour poursuivre leur conversation sous l'eau, qui aidera à décrypter tout ça.
Tout de même, j'aurai bien profité du répit, à picorer des olives mauves et du champagne au polonium, et tant mieux car la guerre est à nos portes ! Dans le vide spatial, "debris funk" attaque sévère. La coque de mon petit vaisseau encaisse courageusement l'assaut désorganisé des débris stellaires glitchées. Comme souvent chez Autechre, on se croirait dans un tuyau auquel on ferait subir toutes sortes de sévices physiques et chimiques. Mais je ne me plains pas trop fort, je garde mes lèvres closes, car je sens que les débris ne sont que la partie émergée de l'iceberg, du conflit intergalactique lourdement armé qui se déroule un peu plus loin. Je sens passer non loin de moi les navires de l'Empire, avec leurs longues plages synthétiques, imposantes et abrasives. Même une fois la tempête de débris calmée, on peut les entendre rôder. Heureusement la résistance se forme ! Et le duo des anglais devient, alors que démarre "l3 ctrl", les Starsky & Hutch du futur. La rythmique est entrainante, "tapetapetapetape...", et les synthés flingués entonnent à leur manière un thème héroïque, chaque répétition ajoutant une nouvelle couche sonore à la gloire de nos protagonistes à cyber-moustaches. L'épisode déroule sa trame et on voit bien que Sean Booth & Rob Brown sont mis à mal par les escarmouches de super vilains armés d'orgues électroniques imposants. On dirait même qu'à 10 minutes tout semble désespéré pour nos héros. Le tempo se chamboule, et décroît tandis que la Résistance égraine des munitions qui se font de plus en plus rares. L'orgue maléfique se dresse dans toute son évidente supériorité... les glitchs eux-mêmes gémissent, la souffrance est perceptible. Mis en déroute, le duo parvient à s'enfuir sans tomber dans les griffes des vils orgues que l'on entend faiblir dans l'arrière-plan. Mais la retraite ne sera pas de tout repos et ils devront passer par des conduits sombres et étroits dans lesquels leurs glitchs résonnent de bien étrange manière...
....et ça continue sur son site!
ça inspire solide, uh?
un peu partout sur le web, les commentaires sont trippants à lire!
